L'utilisation d'aiguillages en signalisation ferroviaire.
La pièce maîtresse de tout réseau ferroviaire est sans contredit
l'aiguillage. Cet appareil permets à un train de changer d'une voie
vers une autre. Voyons comment ces appareils vitaux sont gérés en égard
de la signalisation. Il existe trois grandes familles d'aiguillages:
Manuel
Semi-automatique
Électrique
Manuel.
Un aiguillage manuel est un aiguillage entièrement manoeuvré sur
place, par un appareil de manoeuvre. C'est le force de l'employé qui
active le mécanisme. Un cadenas empêche le mécanisme d'être activé par
des intrus, et donc, prévient les déraillements. Mais il y a un bémol:
tous les employés du chemin de fer travaillant sur la voie ou sur les
trains possèdent la clé! Alors comment empêcher une fausse manoeuvre?
Sur les voies non-signallées, on utilise un système de permissions écrites (voir ROV et feuille de libération).
Mais en territoire contrôlé, on doit faire autrement. Les aiguillages
manuels sont munis d'un verrou électrique, en plus du cadenas. Le
contrôle du verrou est sous la gouverne du CCF. Même si un employé
enlevait le cadenas, l'aiguillage ne bougera pas tant que le verrou
électrique ne sera pas désactivé.
De plus, plusieurs aiguillages sont munis d'un indicateur de
pointe. C'est-à-dire qu'une tige reliée à des contacts permets de
déterminer dans quelle position se trouve l'aiguillage. Souvent, le
verrou et l'indicateur de position sont dans le même appareil.
Évidement, lorsque l'aiguillage ne sert plus, on doit s'assurer
que l'aiguillage est remis en position normale (c'est-à-dire pour
l'itiénaire qui ne dévie pas), car le CCF ne peut actionner l'aiguillage
à distance.
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Aiguillages manuels au triage de Mont-Joli, sur le CFMG.
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Semi-automatique Les aiguillages
semi-automatiques fonctionnent sur le principe suivant: si l'aiguillage
est pris en pointe, c'est le levier de manoeuvre, activé par l'employé
au sol, qui détermine l'itinéraire. Si l'aiguillage est talonné, ce sont
les roues du train qui enlignent l'aiguillage dans la bonne position.
Pour ce qui est du contrôle de l'aiguillage sur une voie signalée, c'est
exactement le même principe que pour un aiguillage manuel. Il y a un
verrou électrique pouvant être actionné à distance. La pose
d'aiguillages semi-automatiques sur une voie signalée n'est pas une
chose courante. On retrouve la plupart des aiguillages semi-automatiques
dans les cours de triage.
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Aiguillage semi-automatique. Le triangle servant à la
manoeuvre peut facilement se détacher pour opérer d'autre aiguillage.
C'est pourquoi l'aiguillage au fond n'en a pas.
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Mécanicien de locomotive opérant un
aiguillage semi-automatique. Remarquez la taille de la cible, beaucoup
plus petite que sur un aiguillage entièrement manuel.
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Automatique
Les aiguillages automatiques sont très fréquents en territoire CCC.
Un puissant moteur électrique fait bouger les pointes de l'aiguillage
selon la route à suivre. Analysons les parties importantes de ce type
d'aiguillage.
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Aiguillage électrique à haute vitesse d'opération de GRS.
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Moteur: Généralement de 110 V ou 24 V, selon la version.
Moteur DC. Le moteur est relié à un embrayage (un peu comme une auto).
La vitesse de l'embrayage et la force appliquée sont ajustées selon la
courbure de l'aiguillage. Les aiguillage à haute vitesse étant très
longs, on doit obtenir plus de puissance du moteur. Cette puissance
s'acquière en modifiant les règlages de l'embrayage.
Tringle: la tringle est la tige qui relie l'embrayage aux pointes de l'aiguillage.
Détecteur de position et verrou: Deux tiges, qui sortent
du boîtier de contacts et sont connectées à une ou au deux pointes de
l'aiguillage. La tige du détecteur de position est généralement plus
petite que celle du verrou. Son but est de faire bouger un groupe de
contacts internes. C'est la lecture de ces contacts par le système qui
indiqueront pour quel itinéraire est placé l'aiguillage. Le verrou,
comme pour les types d'aiguillages manuels, est une tige tenu solidement
en place qui empêche les pointes d'être bougées par inadvertance, ou
par vandalisme. Ainsi, si le moteur venait à s'activer pendant le
passage d'un train, le verrou empêchera les pointes de bouger sous les
roues du train.
Crinque: La crinque est un orifice sur le dessus de
l'appareil qui permet de faire tourner directement l'embrayage, à l'aide
d'une manivelle qu'on insère dans le trou. La crinque ne peut être
manipulé que par un employé spécialisé (maintenance), après que tous les
systèmes de protection (verrou) aient été désactivés.
Crinque du moteur: La crinque du moteur sert à faire
tourner manuellement le moteur. Contrairement à la crinque de
l'embrayage, cette dernière ne sert que pour des fins d'ajustement. Elle
est située sur le côté du bâti.
Appareil de manoeuvre: Ce levier sert à manoeuvrer
l'aiguillage manuellement. Généralement, les employés à bord des trains
sont autorisés à se servir de cet appareil par le CCF si l'aiguilage
refuse de fonctionner normalement, et si la sécurité du train peut être
garantie.
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Aiguillage électrique coincé par la glace. L'ingénieur de locomotive tente de le faire tourner à la main.
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Crinque d'embrayage, de moteur, ou appareil de manoeuvre? Dans quels cas sont utilisés les trois façons de faire tourner un aiguillage à la main?
La crinque du moteur ne sert que pour des fins d'ajustement. Très rare.
La crinque d'embrayage sert à remplacer la force motrice du moteur
électrique par la force motrice humaine. Pour le reste, le système
réagit comme si l'aiguillage avait fonctionné normalement: signaux,
verrou électrique. Ça donne l'avantage qu'un train pourra poursuivre sa
marche normalement. Cependant, comme seul un employé d'entretien est
autorisé à manoeuvrer de la sorte un aiguillage, de délais importants
peuvent survenir si l'employé est loin de l'aiguillage fautif. Dans
certains cas, c'est la seule façon de faire tourner un aiguillage
manuellement, comme dans le cas d'un aiguillage de liaison (crossover)
où les deux aiguillages doivent toujours être orientés de la même
manière. Dans ce cas, l'appareil de manoeuvre est absent, pour éviter
qu'un membre d'une équipe de train ne fasse tourner un seul aiguillage,
par inadvertance.. Voyez le second diagramme d'aiguillage, ci-bas.
Lorsque l'aiguillage est manoeuvré par l'appareil de manoeuvre,
les verrous doivent être inactifs. Souvent, le système ne peut plus lire
la position de l'aiguillage. Les signaux restent donc bloqués au rouge.
Si un train doit passer par là, il doit recevoir une permission
spéciale (règle 567), et poursuivre sa marche à 15 mi/h au maximum,
jusqu'au prochain signal fonctionnel. On se sert surtout de l'appareil
de manoeuvre lorsque de la machinerie d'entretien circule dans le
secteur. Les voies sont alors gérées par POV
(les signaux ne sont donc plus tenus en compte) et de toute façon, ce
type de machinerie n'affecte pas le système de signalisation.
Finalement, il se peut qu'un aiguillage tourne normalement (sous
le pouvoir de son moteur), mais que les signaux ne puissent être
libérés. Pour comprendre ce qui arrive, étudions la séquence
d'opération.
Séquence d'opération d'un aiguillage (aiguillage enclenché aux signaux):
Le CCF demande à l'aiguillage de tourner.
Si un des signaux gouvernant l'aiguillage est libéré, l'aiguillage ne bougera pas.
Si les signaux gouvernant l'aiguillage sont à "arrêt", le
système vérifie que la route dont fait partie l'aiguillage ne soit pas
occupée par un train.
Lorsque la route est libre et que les signaux sont à "arrêt", le verrou d'aiguillage se désactive.
Les verrous des signaux sont activés, pour empêcher que ceux-ci ne changent d'aspect.
Le moteur se mets en marche, et les pointes d'aiguillage tournent.
Le verrou de l'aiguillage se réactive.
Les verrous des signaux se désactivent.
Selon le cas, un ou des signaux peuvent changer d'aspect en accord avec la position de l'aiguillage.
L'état de l'aiguillage est retourné vers le CCF, pour que s'affiche sur son écran la bonne position de l'aiguillage.
Si les signaux ne se libèrent pas après que l'aiguillage ait
tourné, et que la position de l'aiguillage sur l'écran du CCF indique
qu'il y a anormalité (aiguillage à la bonne position, mais impossible de
libere les signaux), le problème est au niveau du verrou. Pour que ce
dernier s'active, les pointes de l'aiguillage doivent être en place. La
tolérance est souvent inférieur à un quart de pouce. L'hiver, une
accumulation de neige ou de glace peut gêner le fonctionnement de
l'aiguillage. C'est la raison pour laquelle il y a des balais à chaque
aiguillage, même électrique, et même muni de réchauffeurs. En délogeant
les particules de glace, ou de roches accumulés entre les pointes et les
rails, on résou souvent le problème.
Réchauffeurs. Les réchauffeurs d'aiguillages fonctionnent sur deux principes: air soufflée ou chauffage sous les pointes.
Dans les deux cas, l'air ambiante est chauffée, à peine quelques
degrés au-dessus du point de congélation. Ces systèmes se mettent
souvent en marche seuls, grâce à des détecteurs de précipitations. Le
CCF peut aussi activer le système s'il prévoit faire tourner les pointes
d'aiguillage dans les minutes qui suivront.
Air soufflée. L'air est réchauffée dans une
chambre situé près de la voie. Puis, un puissant ventilateur souffle
l'air dans des conduits qui se terminent en face des pointes
d'aiguilles.
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Sur cette photo, on voit bien les conduits de ventilation. Il y
en a 4. Deux petits qui soufflent l'air directement sur les pointes de
l'aiguillage. Les deux conduits plus longs apportent l'air tout le long
des pointes, afin de garder l'ensemble de l'aiguillage libre de neige le
plus longtemps possible. Les numéros en peintures oranges sont pour un
assemblage plus facile, car ces conduits sont enlevés durant l'été.
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Intérieur d'un abri de chauffage. Cet abri sert à un
réchauffeur à propane. Certains modèles sont plus bas, et le brûleur est
dans l'abri, alors que le ventilateur est généralement en dehors, près
du sol.
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Sous les rails. Des brûleurs, semblables à
ceux d'un BBQ, sont placé sous les rails, près des points de pivot et le
long des pointes. Ils sont sous les voies, entre les traverses.
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Brûleurs au propane. Ce type de brûleur consomme très peu.
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L'abri (photo ci-haut) contient les thermostats et les valves
de contrôle du carburant. Le réservoir de propane est plus loin, sur le
terrain. Un système très semblable aux systèmes de chauffage domestique.
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Brûleur électrique. L'élément, semblable à un élément de
cuisinière électrique, chauffe suffisamment pour faire fondre la neige
au fur et à mesure qu'elle tombe, l'empêchant ainsi de s'accumuler.
L'avantage de ce type de brûleur, c'est l'absence de réservoir de
carburant à proximité, en cas de déraillement.
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Dans tous les cas, le but n'est pas de faire fondre une
accumulation de neige, mais de la prévenir. Ces systèmes sont souvent
inutiles durant les tempêtes, où les aiguillages doivent être nettoyés à
la pelle, au balai, ou avec une machine (justement appelé "balai"),
équipé de brosses rotatives spéciales.
Les deux diagrammes ci-bas vous montrent les principales pièces
internes d'un aiguillage électrique munis d'un appareil de manoeuvre, et
de celui d'un aiguillage électrique seulement.
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